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La Parisienne a ses zoomeurs
28 juin 2009

Bouse de vache sans électricité

Il est 18H quand notre train arrive en gare de Bayeux. Le ciel s'annonçait humide, bonne nouvelle, il pleut du rayon de soleil. Droit vers la mer, la lumière est merveilleuse; une plage normande à perte de vue rougie par le coucher de soleil.

Nous bifurquons vers la campagne. Paysage vallonné, vert de terres irriguées, destination un lit au pré. Un concept né en Hollande, développé aujourd'hui dans toute l'Europe et aux Etats-Unis. Les premiers «lits au pré» français ont ouvert en juillet 2008. Et c'est un carton vert. Le principe; une tente aménagée au milieu d'un pré, accolée à un corps de ferme. 45 m2 tout équipé pour un citadin classique transformé en robinson chic. Le fascicule vante le dépaysement, un retour aux sources gonflé de simplicité; eau potable...pas d'électricité.

La voiture s'arrête à côté d'un hangar. L'odeur de la ferme enveloppe nos tenues parisiennes. Loin de nous le trafic de la capitale, les bêtes meuglent et se cognent aux enclos. Un bruit de campagne. Nous sommes accueillis par la propriétaire des lieux; Marguerite-Marie vient tout juste de terminer la traite de ses vaches laitières, geste doublement quotidien. Une poignée de main, un coup d'œil sur nos chaussures; ici «la terre est amoureuse», au panier les escarpins.

Sur le chemin, le «cellier»; un des fondamentaux du lit au pré. Les fermiers stockent produits frais et petits plus de premières nécessités (PQ, bougies, sucre & compagnie). A notre disposition. Seule condition, noter sur un carnet le détail de notre marché et à la fin, régler l'addition.

Une centaine de mètres plus loin, j'aperçois les tentes, regroupées sur un champ. Au milieu, un poulailler et Moumoute le mouton, en vrai de vrai, conceptualisé lit au pré.

Je devine déjà les «on dit», murmurer les clichés bobo d'une idée pas nouvelle, tellement superficielle. Mais, les premiers qui critiquent ne sont-ils pas souvent les premiers qui consomment?

On s'y prend sans se méprendre. Il faut être un peu citadin pour larguer sa tenue de ville et venir gazouiller dans la bouse de vache, par plaisir et simple curiosité. Pas de cravate dans la basse-cour! Ici, on n'chipote pas. Vous ai pas encore dit? Cette nuit, on chauffe au bois et pour cela, bah, faut bûcher!

Les lampes à pétrole son allumées, la flamme des bougies danse et éveille l'intérieur de la tente. Cosy, joli. Nous avons fait nos lits, couettes douillettes et oreillers molletonnés.

Petit dîner au poêle en train de mijoter! La bouteille débouchée, le vieux pull ajouté, le saucisson tranché, ça sent bon le p'tit bonheur de la vraie vie.  Loin de nous, pollution et agitation.

Il est 5H. Au loin, sans doute, Paris s'éveille. Et moi aussi; le coq chante. Sympa le dépaysement. Je me faufile hors du lit. Fraiche campagne. Rosée du matin me pique le nez. Fou rire; Moumoute bêle et moi je sors les cheveux empaillés de mon lit au pré. Les bûches se sont envolées, les bougies ont arrêté de danser, il caille, heureusement, soleil pointe timidement le bout de son nez. L'appel du lit douillet prolonge le sommeil au milieu de la matinée...

tenteAvant de partir, nous félicitons Marguerite-Marie et Jacques son mari. Le lit au pré gagne en authenticité s'il est marqué par leur emprunte. Pour nous, ces deux jours prennent des airs de petite maison dans la prairie. Le temps d'un week-end, nous retrouvons la joie de flirter avec les plaisirs d'antan et les jeux de notre enfance. Pour cette famille de fermiers, ce quotidien n'est pas un leurre; tout bonnement, leur vraie vie, leur métier, leur bonheur et leurs soucis. Nous sommes pour eux des intrus à tenter de fondre dans le paysage. Ils sont pour nous comme des étrangers avec qui, il est agréable d'échanger, un partage pour mieux se comprendre.

Une idée bien ficelée. Les converses embouées nourrissent nos souvenirs. La tente est refermée, Moumoute est rentré.

Les Parisiens sur la route du retour. Le temps d'un week-end à la ferme de la Folivraie, nous avons joué à Robinson Crusoé; les hommes réapprennent à faire du feu, les femmes à se réchauffer...

Nous, on s'est bien marré. Le lit au pré, certes un peu cliché, parfois surfait, est sans prétention, l'occasion d'arrêter de faire nos têtes de cochon...

A bientôt,

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