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La Parisienne a ses zoomeurs
28 juin 2009

En taxi solitaire

Il est tard, envie d'arriver vite, là où je vais. Un taxi à Paris, passé minuit, dans un quartier passant, c'est comme un oasis en plein désert.

Alors, je marche. Regard circulaire prête à hurler mains levées sur le premier taxi parisien, si rare, si tard. La tour Montparnasse droit devant, Denfert derrière. Le long du trottoir, au bord d'un boulevard, les voitures défilent, flirtent avec les vitesses autorisées. Je frissonne; la pluie, le bruit, les ombres qui me frôlent. Froid dans le dos. Envie d'être assise, au chaud et à l'abri. Un gris, silencieux et solitaire se range le long du bas côté. Petite ampoule allumée signe le plein, zut... Enfin, ouf, à y voir de plus près, il décharge; une dame habillée du soir me passe le flambeau. La place est chaude. J'aime les taxis qui parlent. Je ne le prends pas souvent, trop rare, trop cher, alors tant qu'à faire, je préfère les bavards. La chance est avec moi. Monsieur doit tenir jusqu'à 6 H du matin, donc quitte à partager quelques minutes de nos vies à chacun...

Bon esprit qui réchauffe l'humeur. Alors on embraye, «quelle galère, les taxis ne courent pas les rues ce soir à Paris», «qu'est-ce que vous voulez, nous on avance, sans vraiment savoir où ça nous mène», «trop rare, trop cher», «à qui le dites-vous, moi, je suis pour multiplier les taxis», «et désengorger Paris de toutes ces voitures ». Et légèrement, la discussion s'engage. Pacotilles et papotages. Monsieur se plaint de n'avoir aucun interlocuteur pour discuter de son métier; il a le choix entre les syndicats et la famille, à la maison. Pas facile quand on n'est pas d'accord. Monsieur comprend les contestataires, Monsieur comprend que certains préservent leurs droits, leurs petites affaires. Mais bilan de la course, pas facile de contenter Monsieur et tout le monde. Et bilan de la course; 20 minutes de conversation et l'équivalent à monnayer... Le tour du monde en taxi peut être une manière de voyager le portefeuille léger; transport démocratique dans de nombreux pays, mais, visiblement, pas ici.

Les fesses dans un taxi, je vois défiler les lumières de Paris. J'écoute le quotidien d'un homme qui travaille et je me dis, ne pas assez écouter les bruits des hommes qui travaillent. L'on écoute les médias, l'on écoute les syndicats, l'on écoute les politiques ou les associatifs. Ceux qui portent la parole. Et vous et nous et toi et moi dans tout ça ? Je me sens toute petite dans mon taxi solitaire. Dans les rues de Paris, je pense à organiser une rencontre avec un certain Jacques Attali... Et au plus vite, filer au lit.

A bientôt,


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