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La Parisienne a ses zoomeurs

28 juin 2009

Bande de poulettes

P1020341Il était une fois, au cœur de la Bourgogne, Fontenouilles, un nom de village aux airs de conte de fée.

Il était une fois à Fontenouilles, une princesse parisienne, reine des festivités le temps d'un weekend, attendue malgré elle par sa cour de poulettes. Le principe: fêter la demoiselle peu de temps avant sa transformation en vieille poule! Coup dur.

Une maison à l'image des histoires de monsieur Perrault. Des cachettes, des malles de déguisement, des objets déposés de ci de là, l'air de rien, mais sûrs d'eux. Le souci du détail interpelle le regard: belle cheminée, fausseté des chats roulés dans leur panier, banquettes éparpillées, conforts des couleurs, coussins douillets, réveils en collection, poutres apparentes, peluches sur les lits, souris dans la cuisine... Une maison pleine de surprises. L'escalier grimpe vers les chambres, les filles, les garçons, les parents. Intérieur intimé tout à chacun.

Jusqu'ici, tout laisse à penser que le lieu dit, colle parfaitement avec la bande de poulettes en quête de souvenirs, d'anecdotes, de douceurs enfantines et de fourberies adolescentes. Vies de jeune fille entre parenthèses certes, mais inoubliables et à tenir éveiller, absolument.

Les coffres vidés, les courses rangées, tour de l'habitation esclaffé de wouah, la petite dizaine attend l'heureuse élue dans une atmosphère de papotilles. On s'agite, on se déride, ambiance de poulailler agité, décomplexé à l'idée de disperser quelques plumes.

Pas farouches les poulettes. Pas discrètes les pipelettes. Les déplacements en dizaine sont redoutables. Un rayon de soleil pousse la tribu à poser les cyclorails. Ancien relais de gare. Planqué sur la route de derrière, un café. Ombre des parasols. Il est 16H et ça sent bon le coup de jaja.

champKiki en maîtresse des lieux, dans sa blouse de travail, nous accueille tout sourire, édenté et chaleureux. En l'honneur de la princesse, Kiki et ses amis «font péter» le mousseux, breuvage de circonstances! Une bande de poulettes parisiennes en suspend au café du coin, de quoi faire lever les couleurs de la moyenne septuagénaire de ces messieurs du village...

Retour à la maison. Champagnonées.

Poulettes maquillées comme des voitures voilées, fin prêtes à abandonner quelques plumes sur le dancefloor d'une boîte pommée au milieu des épis de blés.

La dizaine parisienne débarque lunettes de soleil au bout du nez.

Petite bande fait son effet, grillée dès la première seconde au déhanché de la capitale, ringard faut dire, en vue des tenues provinciales.

Etat des lieux des parisiennes: musique surprenante, un peu vieillie, en voyagée, parfums toilettés de pacotilles, barres de déhanchés enroulées sans complexe. Drôle et surprenant.

Regard enprovincé sur les parisiennes: distancier, coin de l'œil observateur, plutôt flippé de voir débarquer une bande de poulettes surexcitées et apprêtées, la piste de danse un peu vite appropriée.

La mayonnaise de la dizaine de poulettes a bien pris. Bilan, elles savent tout des amourettes, voire plus si affinités, de chacune. Bilan, bons fous rires et belles discussions. Bilan, une heure sur deux, bienvenue le temps de trinquer.

La princesse parisienne en virée provinciale revient à la capitale avec (pas) malle de souvenirs. Poulettes déplumées sous le bras, satisfaites d'avoir découvert un bon trou bourgignon.

A bientôt,

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28 juin 2009

Bouse de vache sans électricité

Il est 18H quand notre train arrive en gare de Bayeux. Le ciel s'annonçait humide, bonne nouvelle, il pleut du rayon de soleil. Droit vers la mer, la lumière est merveilleuse; une plage normande à perte de vue rougie par le coucher de soleil.

Nous bifurquons vers la campagne. Paysage vallonné, vert de terres irriguées, destination un lit au pré. Un concept né en Hollande, développé aujourd'hui dans toute l'Europe et aux Etats-Unis. Les premiers «lits au pré» français ont ouvert en juillet 2008. Et c'est un carton vert. Le principe; une tente aménagée au milieu d'un pré, accolée à un corps de ferme. 45 m2 tout équipé pour un citadin classique transformé en robinson chic. Le fascicule vante le dépaysement, un retour aux sources gonflé de simplicité; eau potable...pas d'électricité.

La voiture s'arrête à côté d'un hangar. L'odeur de la ferme enveloppe nos tenues parisiennes. Loin de nous le trafic de la capitale, les bêtes meuglent et se cognent aux enclos. Un bruit de campagne. Nous sommes accueillis par la propriétaire des lieux; Marguerite-Marie vient tout juste de terminer la traite de ses vaches laitières, geste doublement quotidien. Une poignée de main, un coup d'œil sur nos chaussures; ici «la terre est amoureuse», au panier les escarpins.

Sur le chemin, le «cellier»; un des fondamentaux du lit au pré. Les fermiers stockent produits frais et petits plus de premières nécessités (PQ, bougies, sucre & compagnie). A notre disposition. Seule condition, noter sur un carnet le détail de notre marché et à la fin, régler l'addition.

Une centaine de mètres plus loin, j'aperçois les tentes, regroupées sur un champ. Au milieu, un poulailler et Moumoute le mouton, en vrai de vrai, conceptualisé lit au pré.

Je devine déjà les «on dit», murmurer les clichés bobo d'une idée pas nouvelle, tellement superficielle. Mais, les premiers qui critiquent ne sont-ils pas souvent les premiers qui consomment?

On s'y prend sans se méprendre. Il faut être un peu citadin pour larguer sa tenue de ville et venir gazouiller dans la bouse de vache, par plaisir et simple curiosité. Pas de cravate dans la basse-cour! Ici, on n'chipote pas. Vous ai pas encore dit? Cette nuit, on chauffe au bois et pour cela, bah, faut bûcher!

Les lampes à pétrole son allumées, la flamme des bougies danse et éveille l'intérieur de la tente. Cosy, joli. Nous avons fait nos lits, couettes douillettes et oreillers molletonnés.

Petit dîner au poêle en train de mijoter! La bouteille débouchée, le vieux pull ajouté, le saucisson tranché, ça sent bon le p'tit bonheur de la vraie vie.  Loin de nous, pollution et agitation.

Il est 5H. Au loin, sans doute, Paris s'éveille. Et moi aussi; le coq chante. Sympa le dépaysement. Je me faufile hors du lit. Fraiche campagne. Rosée du matin me pique le nez. Fou rire; Moumoute bêle et moi je sors les cheveux empaillés de mon lit au pré. Les bûches se sont envolées, les bougies ont arrêté de danser, il caille, heureusement, soleil pointe timidement le bout de son nez. L'appel du lit douillet prolonge le sommeil au milieu de la matinée...

tenteAvant de partir, nous félicitons Marguerite-Marie et Jacques son mari. Le lit au pré gagne en authenticité s'il est marqué par leur emprunte. Pour nous, ces deux jours prennent des airs de petite maison dans la prairie. Le temps d'un week-end, nous retrouvons la joie de flirter avec les plaisirs d'antan et les jeux de notre enfance. Pour cette famille de fermiers, ce quotidien n'est pas un leurre; tout bonnement, leur vraie vie, leur métier, leur bonheur et leurs soucis. Nous sommes pour eux des intrus à tenter de fondre dans le paysage. Ils sont pour nous comme des étrangers avec qui, il est agréable d'échanger, un partage pour mieux se comprendre.

Une idée bien ficelée. Les converses embouées nourrissent nos souvenirs. La tente est refermée, Moumoute est rentré.

Les Parisiens sur la route du retour. Le temps d'un week-end à la ferme de la Folivraie, nous avons joué à Robinson Crusoé; les hommes réapprennent à faire du feu, les femmes à se réchauffer...

Nous, on s'est bien marré. Le lit au pré, certes un peu cliché, parfois surfait, est sans prétention, l'occasion d'arrêter de faire nos têtes de cochon...

A bientôt,

28 juin 2009

En taxi solitaire

Il est tard, envie d'arriver vite, là où je vais. Un taxi à Paris, passé minuit, dans un quartier passant, c'est comme un oasis en plein désert.

Alors, je marche. Regard circulaire prête à hurler mains levées sur le premier taxi parisien, si rare, si tard. La tour Montparnasse droit devant, Denfert derrière. Le long du trottoir, au bord d'un boulevard, les voitures défilent, flirtent avec les vitesses autorisées. Je frissonne; la pluie, le bruit, les ombres qui me frôlent. Froid dans le dos. Envie d'être assise, au chaud et à l'abri. Un gris, silencieux et solitaire se range le long du bas côté. Petite ampoule allumée signe le plein, zut... Enfin, ouf, à y voir de plus près, il décharge; une dame habillée du soir me passe le flambeau. La place est chaude. J'aime les taxis qui parlent. Je ne le prends pas souvent, trop rare, trop cher, alors tant qu'à faire, je préfère les bavards. La chance est avec moi. Monsieur doit tenir jusqu'à 6 H du matin, donc quitte à partager quelques minutes de nos vies à chacun...

Bon esprit qui réchauffe l'humeur. Alors on embraye, «quelle galère, les taxis ne courent pas les rues ce soir à Paris», «qu'est-ce que vous voulez, nous on avance, sans vraiment savoir où ça nous mène», «trop rare, trop cher», «à qui le dites-vous, moi, je suis pour multiplier les taxis», «et désengorger Paris de toutes ces voitures ». Et légèrement, la discussion s'engage. Pacotilles et papotages. Monsieur se plaint de n'avoir aucun interlocuteur pour discuter de son métier; il a le choix entre les syndicats et la famille, à la maison. Pas facile quand on n'est pas d'accord. Monsieur comprend les contestataires, Monsieur comprend que certains préservent leurs droits, leurs petites affaires. Mais bilan de la course, pas facile de contenter Monsieur et tout le monde. Et bilan de la course; 20 minutes de conversation et l'équivalent à monnayer... Le tour du monde en taxi peut être une manière de voyager le portefeuille léger; transport démocratique dans de nombreux pays, mais, visiblement, pas ici.

Les fesses dans un taxi, je vois défiler les lumières de Paris. J'écoute le quotidien d'un homme qui travaille et je me dis, ne pas assez écouter les bruits des hommes qui travaillent. L'on écoute les médias, l'on écoute les syndicats, l'on écoute les politiques ou les associatifs. Ceux qui portent la parole. Et vous et nous et toi et moi dans tout ça ? Je me sens toute petite dans mon taxi solitaire. Dans les rues de Paris, je pense à organiser une rencontre avec un certain Jacques Attali... Et au plus vite, filer au lit.

A bientôt,


28 juin 2009

Grimpette savoureuse

Montmartre. Une marche, deux marches, il faut en escalader bien plus de trois avant de parvenir sur celles du podium. Il y a des adages populaires qui nous poussent dans les moments difficiles; après l'effort, le réconfort.

«En courant, qu'il m'a dit». Course, avec le funiculaire. Gagné, nous sommes les premiers à observer les étoiles. Car après une ascension vers le haut de la butte, rythmée d'un slalom endiablé entre un éventail de la communauté touristique internationale...l'atterrissage, nous plonge littéralement, la tête dans les étoiles. Souffle coupé. Perceptible ronflement. Nausée sous-jacente. Jambes de coton. Joues enflammées. Et des dizaines de regards amusés. Ils sont fous ces français.

L'intérêt? Une bière, fraiche, généreuse et légitimée par ces 5 minutes de sport effrénées.

Non sans une légère angoisse, nous traversons la marée humaine agglutinée aux pieds du sacré cœur: grouillante, filant à l'anglaise, sur cliquée japonaise, multi nationale. Un cliché parisien animé. La carte postale polyglotte avance, lentement, gesticule de ci de là.

Je ne me souvenais pas que Montmartre fût si, tant, enfin trop...

Je ne me souvenais pas que vue d'ici, Paris portait aussi bien la couleur du gris.

Je ne me souvenais pas que l'on ne puisse pas faire deux pas, sans être arrêté par les animateurs de rue. Improvisations tous les 20 mètres, tantôt amateurs, guitaristes, chanteuse d'opérettes, vendeurs à la sauvette. Face à face, entre Bob Marley et Brassens, mille fois revisité aux accents étrangers.

Non je ne me souvenais pas de Montmartre en ce ton là. Peut-être car il y a des lieux si parisiens, que les parisiens s'en préservent.

Et pourtant. Petit bonheur de filer faire un inventaire identitaire, de la promenade de 17H30, un week-end d'avril, un dimanche pour être exact, sur les contours de la butte de Montmartre.

Non, je ne me souvenais pas.

Oh oui je reviendrai, mais pas trop vite, le temps d'oublier. Juste ce qu'il faut pour goûter dans quelques mois, à l'agréable sensation de redécouvrir un lieu connu, transformé en méconnu.

Quoi que, Montmartre fait peut-être partie de ces endroits magiques, qui restent mais ne se ressemblent pas, petit nouveau à chaque regard.

Je reviendrai grimper vers les étoiles. Et mériter ma bière. Savoureuse, elle, sans hésitation, à chaque fois.

A bientôt,

28 juin 2009

Petit et grand bazar de l'hôtel de ville

Aujourd'hui n'est pas un dimanche soir, il ne pleut pas, je me demande si je n'aperçois pas un rayon de soleil.

Un samedi à Paris. Un samedi après une semaine de travail. Un samedi. Classique. Très agréable. Jouissif et frustrant. Court et intense. On aimerait que chaque samedi soit une exception à ces semaines qui se ressemblent un peu trop. On aimerait que chaque samedi soit une fête, une détente, un moment qui nous rappelle le bonheur du week-end. Où que l'on aille un samedi à Paris, les rues grouillent de monde. Les bouches de métro avalent et déversent des queues leu leu de parisiens. Musique sur les oreilles, regards perdus, sourires légers, si discrets, mouvants en mous. Ils viennent d'où,  ils vont où ? Chacun sa part de mystère. Vaquons à notre imagination. Ce matin, j'hésite, entre attendre et réagir. Attendre au fin fond de mon lit, attendre le moment d'être lassée de buller, de laisser filer le temps. Ou réagir & nourrir l'activité de ma journée. Ne pas se laisser grignoter par les heures, si précieuses. Et puis, le lit est froid à midi (déjà midi) et c'est un appel du pied. Debout, dehors ! Je n'attends plus. On ne peut pas s'y tromper, j'entraperçois, le rayon de soleil.

Un samedi à Paris & une virée au BHV, bazar de l'hôtel de ville. On en redemande. C'est fascinant un grand magasin parisien. Les yeux fermés, on peut imaginer le bonheur des dames, des premier temps. Farandoles d'objets et de couleurs. Et du monde, farfouillant dans les rayons. Les escalators se croisent, montée et descente d'acheteurs. Effrénés ? Ben peut-être pas, y a quelqu'un qui m'a dit...la crise...et puis tant pis. Bel entre-deux des escalators. De ceux happés par les étages, et les autres, automates, consommateurs, sacs souvenirs en main.

(6ème étage). Rayon literie. INCROYABLE. J'adore les magasins où l'on teste des produits; la charcuterie et le fromage des grandes surfaces, les vélos des magasins de sport, les canapés. Des situations rigolotes et loufoques qui rendent les gens attendrissants, impolis parfois, ridicules souvent, mais humains, comme de vrais gens. Avez-vous déjà essayé un lit dans un grand magasin ? Le vendeur vous guide entre les allées, du premier prix, au lit méga super confortable. Son rôle, il le maîtrise, imperturbable. Première étape, choix du matelas. Plutôt mou ou plutôt dur? Sans mauvais jeux de mots. Pour acheter, il faut tester (& plus si affinités). Un lit, c'est un bon investissement. Sur du long terme. Même pendant la crise. Un investissement sommeil, vie de couple, détente, grasse matinée. Rester au lit et faire des économies !

Retour au BHV. Les couples testent le lit. Touchants, touchés. Les jeunes en phase d'installation, la quarantaine  en crise de renouvellement et en quête de grande surface, et les plus âgés, rôdés et blasés, retour au plus petit. La recette ? S'allonger. Mais vraiment s'allonger ! Les pieds sur le plastique de protection et la tête sous les néons. Oui comment dire, on a l'air un peu con. Côte à côte, à l'aube du fou rire, on se demande ce qu'on fait là. Sur le lit de monsieur et madame tout le monde, avec monsieur le vendeur qui tente de crédibiliser son produit, et vous, dessus et avachis. Une vraie performance d'essayer un lit dans les rayons peu discrets du BHV. Manque d'intimité ? Certes, un peu compliqué et quoiqu'un peu audacieux de tester la souplesse des lattes. Un nouveau lit, pour une première fois.

Ce samedi à Paris, à la sortie du BHV, le rayon de soleil s'est échappé. Finalement, le lit n'est pas choisi. Tout cela pour cela. En réalité, peu m'importe, j'emmène des souvenirs, qui se seraient sans doute fanés si j'avais usé de l'objet au quotidien. Sous le lot de tous les petits nouveaux qu'il aurait évoqué. Le petit bonheur du bazar de Paris, c'est sa sortie ; les yeux sur les quais. La Parisienne est ravie de s'être finalement levée, de ne pas avoir attendu d'être lassée.

D'un pas pressé, le cœur léger, je vadrouille entre les gouttes de pluie et me laisse cette fois, tendrement porter par Paris.

A bientôt,

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28 juin 2009

Préambule

Par où commencer ? Un site ouvert mérite inauguration. Alors, quand il s'agit d'écrire un premier texte, il faut garder en-tête qu'il est et qu'il restera le premier texte.

Il pourrait être un texte de présentation, un texte de bienvenu, un texte de séduction. Il pourrait être un texte insolite, imparfait, imprévu. Peu importe, il est le premier texte. Celui qui porte les couleurs, celui qui dépeint les teneurs, celui qui trace les contours. Il porte avec lui l'indulgence de l'essai, l'innocence du premier jet, les ombres de l'esquisse. En tête de peloton, le premier, caractère trempé. Il est sans thème particulier, mais, avec beaucoup de sens en général. Il est croqué, chroniqué. Il se lit d'un coup, très vite, avec petit plein d'indulgence. Oui c'est ça l'idée, lieu-dit de vie croqué. Papoter, de tout & de presque rien, avec douceur, toujours avec malice et jamais sans artifice. Jeu d'écriture pour assembler les mots qui vont bien ensemble, ponctué de "si" de "la", de touches & de notes de vie, gribouillées de couleurs.

Etrangement il commence par le début ou la fin, définition tout à chacun. Comme un dimanche soir. La nuit est tombée, les promeneurs sont rentrés. La capitale au dehors en accalmie, éveille ses 1001 cafés, refuge des magiciens tourmentés. Alors on s'arrête, on regarde, on ne cherche pas le contact, on glisse en observation. Va et vient. Les gens, de vrais gens ; tournent, attendent, papotent, s'assoient, commandent un verre, bavardent les yeux dans les yeux, se détournent des conversations, jouent, tripotent, à portée de main. Cela peut-être un coin du set de table, un verre à glisser entre les doigts, un cure-dent pour les plus intrépides et les moins discrets. Cela peut être la main de sa voisine, une mèche de cheveux à tournicoter, ses propres doigts à craquer, un nez qui gratte. Incroyable gestuelle, personnelle & universelle. Le recul du spectateur permet d'attraper ces petits lots de quotidien. Une position confortable et délicate ; un recul surgissant qui impose de délimiter sa propre place. Alors, le spectateur s'interroge, au cœur de ce manège tourbillonnant, quel est son lien, quelle est sa force, quelle est sa place. Toutes ces couleurs, toutes ces bribes de bavardages, ces échos de conversations. Je suis le spectateur. Je suis moi, quelque part. Deux de mes amis, sont là, si près de ce moi. Je les entends, je reconnais leurs voix, leurs tons, leurs intonations. Je devine leurs souvenirs, leurs sourires. J'envie de ma bulle ouatée leur complicité. Et je me laisse transporter. Dans cette vague réflexion, sans queue ni tête, par souci d'inauguration.

Je suis sortie de chez moi malgré la grisaille parsemée de pluie. J'ai marché à l'ombre du chemin que je connais par cœur. Je n'ai fait attention à rien sur mon passage. Je sais où je vais, l'intérêt d'un rendez-vous organisé. J'ai quitté les rues solitaires, j'ai poussé la porte du café.  Portée par les voix, guidée par les mouvements, je me suis assise. Carnet ouvert, stylo qui gratte. Croquis de fin de journée, debrief de début de soirée. J'ai commencé. Le premier. Rendez-vous non organisé, excitation du saut sans filet, angoisse de la page blanche, inspiration du faux filet... L'équilibre des mots, par souci d'inauguration. Sans aucune prétention.

A bientôt,

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La Parisienne a ses zoomeurs
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